La route qui relie Ty Guen et Lézivy traverse
la vallée du Goyen, où elle laisse, sur la gauche, l’ancien manoir de Tromelin.
Le corps principal et trois autres bâtiments
délimitent une cour carrée. L’habitation actuelle, de construction récente (début
du 20e siècle), a remplacé un édifice du 15e siècle dont n’a
été conservée que la porte. L’écu triangulaire placé au-dessus de cette porte
devait jadis être armorié du blason de la famille de Tromelin : d’azur au lévrier passant d’argent. Sur
la façade on voit un cadran solaire portant l’inscription « M : BR
1809 ».
Le manoir de Tromelin était encore intact au 18e
siècle. Il comprenait alors ses maisons, logements, écuries, cour close,
chapelle, colombier, rabines ou allées, bois de hautes futaies faits d’arbres
ayant au moins cent ans, bois de décoration, des garennes, terres froides et
chaudes, prés et prairies. Au midi de la cour se trouvait une grande écurie
surmontée d’un grenier à foin. Des anciennes constructions il ne restait plus,
au début du 20e siècle, que le colombier que l’on prendrait de loin
pour un fortin destiné à défendre les approches du manoir devant lequel il se
dresse sur un monticule ayant la forme d’un cône tronqué.
Le manoir primitif fut édifié par Henry de
Tuonmelin, auditeur des Comptes et commissaire à la Réformation de la noblesse
bretonne en 1443. La seigneurie passa, par mariages successifs, des Tuonmelin
aux Tréganvez, puis aux Trémillec et aux Jégado. Au début du 17e
siècle, la terre de Tromelin comprenait la garenne de Kerilit, les domaines de
Trobeuzec en Meilars, Kerdalec, Kervendal, Tremathouarn-Uhela, Kernerben, le
bourg de Guiler et, en partie, Lescoat, Poulguiler, Cosquéric et Kerliongar, ce
qui en faisait la plus grosse propriété de Mahalon, surtout lorsque, par
mariage, la seigneurie de Lésivy se fondit avec celle de Tromelin. En 1672, le
manoir passa par acquêt au Marquis de Rosmadec. Cette réunion au marquisat de
Pont-Croix marqua le commencement de la décadence de Tromelin. Vers 1914, le
manoir était en la possession de la famille Le Barz, qui se rattache aux Le
Barz de Kerlambert, riches marchands de Pont-Croix sous le règne de Louis XIII.
Parmi les différents occupants du manoir, Jean de Jégado, seigneur de
Kérollain, s’illustra, en 1597, en sauvant la ville de Quimper dont le bandit La
Fontenelle allait s’emparer.
Les seigneurs de Tromelin possédaient divers
privilèges et prérogatives, prééminences d’église, bancs, enfeus et chapelle
prohibitive dans l’église paroissiale de Mahalon, un banc avec plusieurs
écussons dans l’église tréviale de Guiler. De fait, on peut voir, à encastré
dans le mur collatéral nord de l’église de Mahalon, les tombeaux de Ronan de
Trémillec et de son épouse Marguerite de Tréganvez, dame de Tromelin, datant du
milieu du 16e siècle, qui est l’un des premiers monuments
funéraires de la Renaissance en Bretagne.
Juste après le manoir, la route passe devant
le moulin, dans un cadre charmant. D’après le site internet de la commune, il a
été édifié au 16e siècle. La Base Mérimée quant à elle le donne du
17e siècle (sans certitude) et remanié au 18e. La base en
pierre sous la 1ère meule porte en effet la date de 1759. De
nombreuses dates postérieures figurent par ailleurs sur les angles du bâtiment
(1861, 1871, 1874) et sur les meules (1844, 1879). Le moulin fonctionnait par un système à roue
horizontale à trois meules, mais ne possédant pas de tamis, il a servi
essentiellement à moudre les céréales utilisées pour l’alimentation du bétail.
Il a cessé son activité en 1949.
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