Du bourg de Mahalon, une route part vers l’est, qui conduit vers le village
de Keréval. Juste après la sortie du bourg, la route franchit un vallon. Au
fond de celui-ci, s’embranche sur la droite un sentier, signalé par une
pancarte en bois informant le promeneur sur la motte féodale dite Castel Coat Morvan.
En suivant le sentier, on atteint au bout d’une centaine de mètres cette motte,
dont il est possible de parcourir l’aire centrale ainsi que la partie
méridionale des douves.
La motte vue du fossé sud |
Le mont artificiel consiste
dans un épais retranchement en terre, haut de cinq à six mètres et entouré de fossés,
qui abritait deux groupes de bâtiments séparés par une courette et couvrant une
superficie de six ares. Le donjon, qui formait un rectangle de 17 mètres
de long sur 10,5 de large, était attenant au bâtiment sud. Une échelle
permettait d’accéder à sa porte, surplombant de 4m40 la cour. Les maisons situées
au nord de la cour seraient moins anciennes. Quelques débris de pierres
moulurées, trouvés dans les déblais, laissent à penser qu’elles étaient encore
habitées au 14e siècle.
L’emplacement du donjon est encore bien visible aujourd’hui, matérialisé par
une plate-forme dominant l’intérieur de l’enceinte. Quelques substructions maçonnées
s’observent à sa base, côté intérieur et extérieur. Les substructions d’un colombier
de petit diamètre sont également visibles, paraît-il, à 60 mètres au nord.
Vestiges maçonnés près de la base du donjon, côté cour |
Les substructions du donjon, côté douves |
Le château est mentionné dans un aveu de 1561 dans les termes suivants :
« un grand bois taillis et une petite montaigne ayant un vieux château
dedans, appelé en tout castel Coatmorvan ». La construction du donjon de Coëtmorvan ne saurait être postérieure à la fin
du 11e siècle et il est probable qu’elle remonte à une date plus
reculée. La proximité de la motte de Coat Morvan avec de celle de Casavoyen (à
900 m au NE), toutes deux comprises dans les limites de la même seigneurie, laisse
supposer que la forteresse de Casavoyen aurait été la première résidence des
possesseurs de cette seigneurie, qui l’abandonnèrent ensuite pour édifier le
donjon de Coatmorvan.
On ne connait les noms des
propriétaires du château qu’à partir du début du 15e siècle. A cette
époque, Coat Morvan appartenait à Yvon Buzic, puis passa successivement aux de
Cornouaille, aux de Guer, et aux Tyvarlen à partir de 1574. Cette seigneurie,
bien qu’elle fût l’une des plus anciennes du pays, était loin d’avoir une
étendue considérable. En dehors du domaine proche comprenant un bois d’une
dizaine d’hectares avec un marécage nommé ar yeun et un moulin, elle possédait
seulement six ou sept convenants. Elle possédait toutefois un certain nombre de
mouvances dans la paroisse de Mahalon et dans celle de Pouldergat où les terres
de Kerguélénen et du Guilly, ainsi qu’une partie du bourg, relevaient de
Coatmorvan. Ce fief s’étendait en outre sur le manoir de Lespervez en Ploaré et
sur quelques villages disséminés dans Plouhinec, Plogoff et les autres
paroisses du Cap-Sizun.
La cueillette des redevances se faisait en partie au bourg de Pouldergat où,
chaque année, un copieux repas était servi au receveur et au sergent de
Coatmorvan - ce repas, appelé viande
des garçons, comprenait « un
chappon, chair sallée, une piecze de mouton, pain de froment pour deux hommes
et une quarte de vin ». L’autre partie de des redevances était
reccueillie à Pont-Croix. Dans cette dernière ville, les redevances en argent
se payaient sur les marches de l’église Notre-Dame-de-Roscudon, près de
laquelle était placée une chaise ou chaire servant aux receveurs des
seigneuries qui, comme celle de Coëtmorvan, convoquaient leurs tenanciers à cet
endroit, conformément à un usage général en Bretagne au 15e s. Cette
chaire paraît avoir donné son nom à la rue Chère qui conduit de l’église
à la place du Marché de Pont-Croix.
L’exploration de l’enceinte, en 1882, n’a produit qu’une clef en fer à tige
courte et anneau carré, un morceau de bois de cerf et quelques fragments de
poteries. Mais en 1926, a été découvert tout près de la motte un objet en
bronze en forme de fer de lance. Il s’agirait d’une pointe à fonction
décorative et offensive, pouvant se visser sur un casque ou sur un bouclier. La
découverte, au même endroit, de quelques débris de tuiles à rebord semble
indiquer que ce cimier, aujourd’hui exposé au musée départemental, date de
l’époque romaine.
(Sources : Infobretagne,
Topic-Topos, Base Mérimée)
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