mercredi 4 janvier 2017

MAHALON - Castel Coat Morvan



Du bourg de Mahalon, une route part vers l’est, qui conduit vers le village de Keréval. Juste après la sortie du bourg, la route franchit un vallon. Au fond de celui-ci, s’embranche sur la droite un sentier, signalé par une pancarte en bois informant le promeneur sur la motte féodale dite Castel Coat Morvan. En suivant le sentier, on atteint au bout d’une centaine de mètres cette motte, dont il est possible de parcourir l’aire centrale ainsi que la partie méridionale des douves.


La motte vue du fossé sud
Le mont artificiel consiste dans un épais retranchement en terre, haut de cinq à six mètres et entouré de fossés, qui abritait deux groupes de bâtiments séparés par une courette et couvrant une superficie de six ares. Le donjon, qui formait un rectangle de 17 mètres de long sur 10,5 de large, était attenant au bâtiment sud. Une échelle permettait d’accéder à sa porte, surplombant de 4m40 la cour. Les maisons situées au nord de la cour seraient moins anciennes. Quelques débris de pierres moulurées, trouvés dans les déblais, laissent à penser qu’elles étaient encore habitées au 14e siècle.

L’emplacement du donjon est encore bien visible aujourd’hui, matérialisé par une plate-forme dominant l’intérieur de l’enceinte. Quelques substructions maçonnées s’observent à sa base, côté intérieur et extérieur. Les substructions d’un colombier de petit diamètre sont également visibles, paraît-il, à 60 mètres au nord.

Vestiges maçonnés près de la base du donjon, côté cour
Les substructions du donjon, côté douves
Le château est mentionné dans un aveu de 1561 dans les termes suivants : « un grand bois taillis et une petite montaigne ayant un vieux château dedans, appelé en tout castel Coatmorvan ». La construction du donjon de Coëtmorvan ne saurait être postérieure à la fin du 11e siècle et il est probable qu’elle remonte à une date plus reculée. La proximité de la motte de Coat Morvan avec de celle de Casavoyen (à 900 m au NE), toutes deux comprises dans les limites de la même seigneurie, laisse supposer que la forteresse de Casavoyen aurait été la première résidence des possesseurs de cette seigneurie, qui l’abandonnèrent ensuite pour édifier le donjon de Coatmorvan.

On ne connait  les noms des propriétaires du château qu’à partir du début du 15e siècle. A cette époque, Coat Morvan appartenait à Yvon Buzic, puis passa successivement aux de Cornouaille, aux de Guer, et aux Tyvarlen à partir de 1574. Cette seigneurie, bien qu’elle fût l’une des plus anciennes du pays, était loin d’avoir une étendue considérable. En dehors du domaine proche comprenant un bois d’une dizaine d’hectares avec un marécage nommé ar yeun et un moulin, elle possédait seulement six ou sept convenants. Elle possédait toutefois un certain nombre de mouvances dans la paroisse de Mahalon et dans celle de Pouldergat où les terres de Kerguélénen et du Guilly, ainsi qu’une partie du bourg, relevaient de Coatmorvan. Ce fief s’étendait en outre sur le manoir de Lespervez en Ploaré et sur quelques villages disséminés dans Plouhinec, Plogoff et les autres paroisses du Cap-Sizun.

La cueillette des redevances se faisait en partie au bourg de Pouldergat où, chaque année, un copieux repas était servi au receveur et au sergent de Coatmorvan  - ce repas, appelé viande des garçons, comprenait « un chappon, chair sallée, une piecze de mouton, pain de froment pour deux hommes et une quarte de vin ». L’autre partie de des redevances était reccueillie à Pont-Croix. Dans cette dernière ville, les redevances en argent se payaient sur les marches de l’église Notre-Dame-de-Roscudon, près de laquelle était placée une chaise ou chaire servant aux receveurs des seigneuries qui, comme celle de Coëtmorvan, convoquaient leurs tenanciers à cet endroit, conformément à un usage général en Bretagne au 15e s. Cette chaire paraît avoir donné son nom à la rue Chère qui conduit de l’église à la place du Marché de Pont-Croix.

L’exploration de l’enceinte, en 1882, n’a produit qu’une clef en fer à tige courte et anneau carré, un morceau de bois de cerf et quelques fragments de poteries. Mais en 1926, a été découvert tout près de la motte un objet en bronze en forme de fer de lance. Il s’agirait d’une pointe à fonction décorative et offensive, pouvant se visser sur un casque ou sur un bouclier. La découverte, au même endroit, de quelques débris de tuiles à rebord semble indiquer que ce cimier, aujourd’hui exposé au musée départemental, date de l’époque romaine.

(Sources : Infobretagne, Topic-Topos, Base Mérimée)

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